DES EMOTIONS EXCEPTIONNELLES

DES EMOTIONS EXCEPTIONNELLES



N’ayant jamais participé au circuit bécasse de Bretagne, je décidai cette année de confronter mes chiens aux facéties de ce bel oiseau. Le programme envisagé était copieux : 4 concours en haute Normandie, 10 concours aux quatre coins de la Bretagne, et pour finir 2 concours bécassines et un concours bécasse en Basse-Normandie.


UTAH, « vieux chien de 8 ans » avait un programme aménagé d’environ un jour sur deux pour lui permettre de récupérer plus facilement. Les jours où il était au repos, il était remplacé par FINCA qui était en apprentissage.


BEAUTY, appelée bobo était inscrite au 17 concours.


Les premiers concours en Normandie ont été d’un cru exceptionnel par la quantité de  bécasses levées : 80 à 94 levées pour une centaine de chiens. Les deux premiers jours, c’est bobo qui arrête une bécasse, et au moment du point je vis tant d’émotions que j’ai bien du mal à extirper le pistolet de la poche pour tirer le coup de feu. Le troisième jour, nous sommes sur un chemin à flanc de coteau avec une pente conséquente, et UTAH monte plusieurs fois la pente en revenant à chaque fois au contact. A un moment, plus de cloche…..c’est sur, il nous faut monter la pente, le juge fait trois pas en avant pendant que moi j’en fais un demi. Nous retrouvons UTAH tout en haut du coteau à l’arrêt, je fais couler, un pas du chien et la bécasse vole. Toujours beaucoup d’émotions et toujours autant de mal pour utiliser le pistolet. Le juge à mes cotés me dira par la suite que la bécasse est devant le nez du chien entrain de faire la roue….une caresse à UTAH qui n’a pas bougé d’un poil malgré toutes mes hésitations.


Premier concours en Bretagne : BERRIEN, ou plutôt l’enfer cynégétique ! BOBO passe sur un terrain où les fougères sont très denses et qui atteignent  facilement 3 fois sa hauteur au garrot. Elle s’en sort tout de même et je suis époustouflée par l’énergie que la passion de la chasse peut donner à nos chiens. Elle sera éliminée par une bécasse qu’elle n’a pas su localiser. UTAH  lui prend tout de suite du terrain, à tel point que très rapidement je perds la cloche. Je rappelle plusieurs fois, RIEN. UTAH n’est pas un adepte des sorties de mains alors au début je suis confiante, il va revenir. Le juge passe au chien suivant et je reste au même endroit attendant le retour de mon chien. Dix bonnes minutes se passent, toujours pas de chien ! Les angoisses commencent à fuser : il est blessé et ne bouge plus, il s’est empoisonné, etc….quant tout à coup j’entends une cloche que je connais bien près de moi et voici UTAH, pas épuisé du tout ! OUF…..Par la suite, un concurrent resté en arrière, m’informera que le chien était à l’arrêt, et que lorsque la bécasse a volé le chien est revenu à moi. Ça commence fort.


LA FEUILLEE : pour présenter UTAH, nous traversons ces espèces de tourbières où il est impossible de mettre un pied devant l’autre. Il y a une succession de fossés jonchés d’immenses touffes d’herbes que les locaux appellent des « genoux de bonnes sœurs ». Un terrain en pente bien sûr, avec les ronces et branches d’arbres en prime, pour la condition physique, c’est sur que c’est le TOP. UTAH, 28 mn sans occasion. BOBO idem. Reprise l’après-midi, elle passera sur un terrain plus « facile ». D’un seul coup, arrêt du chien devant une de ces fameuses touffes d’herbes. Le juge n’y croit pas beaucoup, il est à coté de moi, je fais couler, un pas de la chienne et la bécasse gicle du fossé situé juste derrière la touffe d’herbe. Le pistolet a été préparé pendant l’arrêt, feu et je raccroche. BOBO a été parfaitement sage. Le juge applaudi, et les larmes ne peuvent être contenues.


Les terrains de TREGARVAN et LANVEOC sont dans le même registre même s’ils nous offrent des vues magnifiques sur le bord de mer.


CALLAC : nous évoluons dans la forêt de BEFFOU. La matinée est triste, car 5 chiens sont passés sans voir le moindre oiseau. UTAH en pleine forme, évolue en terrain relativement facile, il décidera donc de sortir de la main après trois tentatives de remise en contact. BOBO évolue au début le long d’un petit ruisseau jonché de branches et de gros ronciers. Arrivée sur « de la feuille «, elle arrête non loin de nous. Nous n’y croyons guère, mais je vais tout de même la servir, elle coule à l’ordre et effectue plusieurs petits lacets, toujours tendue. Ces quelques instants me paraissent une éternité et j’ai même le sentiment que la fin de l’action ne va pas être favorable à la chienne. Puis elle se bloque et la bécasse gicle devant son nez. Sagesse parfaite à l’envol et au feu. Une caresse à BOBO comme pour la remercier d’un tel spectacle.


TREBEURDEN : ou plutôt PLEUMOEUR BODOU. La journée commence sous une tempête de vent et de pluie digne de la Bretagne. Nous évoluerons dans une magnifique forêt avec un biotope très favorable aux bécasses selon les habitués de cet oiseau, et pourtant toutes les bécasses vues se joueront des chiens, fuyant au moindre bruit de la cloche ou des branches. Elles sont inapprochables.


CERISY : UTAH démarre dans une petite futaie, avec un coup de nez dès le découplé. Il part ensuite sur la gauche faire la bordure d’une petite prairie qui lui permet de se lancer. Ensuite il s’éloigne de plus en plus de nous, puis plus de cloche. J’appelle, LA, LA, pas de cloche. Accompagnée du juge, nous courrons à la recherche du chien au milieu des arbres et des ronces. ARRET du chien devant un petit arbre, COULE , la bécasse vole à 20 cm du nez du chien, après le coup de feu, une seconde bécasse vole quelques mètres devant, je raccroche et le chien immobile a toujours le nez dans la même direction, une troisième fait un saut de crapaud devant nous. Que de vibrations encore, des moments inoubliables gravés à jamais dans un petit coin de ma mémoire….


Un GRAND MERCI à mes chiens qui m’ont permis de vivre de tels instants. Un GRAND MERCI à tous ceux qui contribuent  à installer  une très grande convivialité lors de ces journées en dépit de toutes les difficultés.